La surveillance au travail

 

Aujourd’hui nos outils de travail deviennent numériques, la mesure, le contrôle et la surveillance ne cessent d'étendre leur emprise sur les rapports productifs et au-delà, sur l'ensemble de nos rapports humains. Des caméras sont installées, des pointeuses qui produisent des rapports et d’autres appareils (téléphones mobiles, GPS, géolocalisation...)

On veut  utiliser ces outils pour compter, chiffrer la productivité de chacun. Tous produisent des indicateurs... et que fait-on de ces indicateurs, de ces rapports ?  On devrait être censés produire des processus d’amélioration, d’optimisation, est-ce toujours le cas ?

La productivité est désormais sous le contrôle des machines qui donnent des informations qui servent d’indicateurs afin de renforcer les mesures qui elles doivent permettre à maximiser les résultats.

Quelle productivité est mesurée ?

Mais quelle productivité, quelle efficacité est mesurée ? Les logiciels permettent de surveiller l’activité sur écran des employés. Le manager doit déterminer si le logiciel en question est une application productive, non productive ou neutre...Mesurer la productivité pose une question de fond : qu'est-ce que l'efficacité ?  Est-ce que nos systèmes de gestion, de management, en ont une bonne définition ?

Le management par les coûts consiste à diminuer la qualité de l'emploi pour réduire les coûts. La plupart des grandes structures font l'erreur de lésiner sur les coûts du travail, que ce soit par des bas salaires, du sous-investissement sur les conditions, dans la formation...Des emplois faiblement rémunérés, mal formés, coûtent bien souvent très cher aux entreprises en termes de performance, de qualité, etc…  Cette forme de management considère les salariés comme un coût, alors qu’il y aurait tout à gagner à être considéré comme une ressource. (ne dit-on pas : Ressource humaine..)

L'optimisation conduit donc les entreprises à avoir des employés pour gérer les produits, des cadences, mais bien peu pour répondre à la qualité, dans les services répondre aux questions des clients. Les collaborateurs ne sont pas seulement un coût, Ils sont aussi source de profits. S'ils sont mieux formés, mieux reconnus, s'ils connaissent mieux le projet, la vision de l’entreprise, la performance n’en sera qu’augmentée. 

La surveillance n'améliore pas la productivité... au contraire !

Dans la plupart des entreprises, les employeurs gardent un œil attentif sur l'activité de leurs employés pour les empêcher de faire      " quelque chose de mal "... Divers contrôles sont mis en place, continus ou aléatoires, partout quelque chose ou quelqu'un surveille ce qui se fait, beaucoup de managers sont formés avant tout à contrôler les autres. Combien de temps est dédié à cette activité ?         Si ces contrôles sont censés empêcher les salariés de faire "quelque chose de mal", ne les empêchent-ils pas de faire "quelque chose de bien ?"

J’ai personnellement vu des salariés qui n’étaient pas surveillés, avoir mis en application leurs propres méthodes de travail qui étaient plus efficaces que les méthodes prescrites. Il y avait dans cette équipe un grand partage d’idées.

Quand ils se savent surveillés, les employés pensent que pour leur patron, la quantité est plus importante que la qualité. Ils perçoivent leur condition de travail comme plus fatigante, plus ennuyeuse, la surveillance réduit les performances et déresponsabilise.


Cet article vous a intéressé ? Partagez le

Écrire commentaire

Commentaires: 2
  • #1

    Melodie (mercredi, 22 juin 2016 17:30)

    Du bon sens rien que du bon sens. C'est en faisant confiance à ses salariés qu'on obtient les meilleurs résultats et sûrement pas avec tous ces outils ! La plupart du temps, ils sont installés et personne ne sait les utiliser à bon escient !

  • #2

    Greg M (jeudi, 23 juin 2016 08:53)

    La confiance AVANT le contrôle.
    Mesurer et contrôler est nécessaire (à condition de bien savoir ce qui est bon et conforme) pour garder son cap. Un navigateur n'atteindra jamais sa destination s'il ne contrôle pas régulièrement son compas.
    Confiance (toujours en premier) et contrôle ne sont pas opposables. Comme pour toute chose, il faut bien le faire. Le "sur-flicage" ne fait qu'engendrer des pertes de performances. Les salariés ne ressentent qu'une absence de confiance, un manque de reconnaissance des compétences émerge et c'est la spirale négative assurée.
    Chaque membre d'une entreprise doit ressentir qu'il est important, compétent et digne d'interêt.